Jean Rochas, une rencontre avec le 7ème art

Animé par la magie de faire vivre des expériences à un public et de l’émerveiller, Jean Rochas, le président du festival, nous raconte son arrivée dans le monde du cinéma et quel est le lien avec le Xplore Alpes Festival.

Jean et son fils au Festival de Cannes

As-tu toujours voulu travailler dans le cinéma ?

Pas du tout, je suis arrivé par hasard ! J’étais passionné par le cinéma. Quand j’étais gosse j’avais la chance d’habiter à proximité d’une salle de cinéma à Grenoble. J’y allais très souvent mais je n’avais jamais imaginé travailler dans le cinéma. C’est vraiment par hasard parce que le maire du village de Valmeinier m’a offert cette opportunité !

Là-bas j’étais employé communal en événementiel. J’étais plus précisément technicien, éclairagiste, monteur de matériel, pour du théâtre et des concerts. C’est ainsi que j’ai croisé le chemin du 7ème art lorsque cette mairie m’a proposé un poste de projectionniste dans les années 90. Quand j’ai mis en place mon premier film, un 35 millimètre à l’époque, j’étais convaincu que c’était ça que j’allais faire toute ma vie. Le départ d’une nouvelle vie. Un réel coup de foudre. Puis pris par cette passion, j’ai tout appris seul. Je n’avais pas de mentor. Après quelques années, j’ai passé un CAP projectionniste pour améliorer le cinéma de Valmeinier, puis de fil en aiguille je me suis mis à mon compte à Saint Jean de Maurienne et à Bourg St Maurice.

Désormais projectionniste, mon rôle est multiple. Il s’agit d’assurer la projection des films ainsi que la sécurité du public.

Et concrètement, à quoi ce métier ressemble-t-il ?

A un crayon à papier et des grilles pour la programmation des films, des salles, des horaires. J’étale ma programmation sur une grille avec un crayon de papier avant de mettre ça au propre sur un ordinateur. Je suis resté à l’ancienne ! C’est aussi des heures de visionnage de films pour être capable de savoir ce qu’on va en faire. C’est une grande chance pour nous parce qu’on visionne beaucoup de films. On voit tout en avant-première, c’est pour ça qu’on va à Cannes, qu’on va dans des conventions mises en place par les distributeurs pour aller travailler avec eux et négocier les prix et sorties qu’on peut faire.
C’est un métier passionnant, qui prend beaucoup de temps car on ne s’arrête jamais. Il y a aussi de la comptabilité et de la gestion de personnel, c’est hyper vaste comme métier !

Faire rêver et transmettre de la magie

Qu’est-ce qui t’anime ?

Le public. Le côté évènementiel des films par la magie qu’on peut transmettre. On a le pouvoir de faire évader des gens pendant quelques minutes, quelques heures. C’est tout ça, tout un ensemble. Ce 7ème art est une magie, un rêve. C’est un vrai moment où ne pense à plus rien d’autre et j’ai cette capacité d’offrir cet instant, c’est ce que j’aime faire. C’est une vraie passion pour moi.

Tu as vécu l’évolution de la pellicule au numérique, la passion est-elle restée intacte ?

J’ai un sentiment partagé. J’adore la pellicule, la qualité est vraiment géniale et c’est un vrai travail. En termes de conditions de travail, le numérique a apporté une révolution qui était nécessaire à notre profession et honnêtement je ne reviendrai pas en arrière. Aujourd’hui, on peut faire plus de choses et c’est malléable. Il y a plus de souplesse dans notre programmation, on se permet de mettre beaucoup plus de films qu’avant dans nos petits cinémas, c’est bien !

Au-delà des films, des rencontres.

(Jean et sa compagne Charlotte aux côtés de Clovis Cornillac)

As-tu la chance de rencontrer aussi les réalisateurs ?

Quand on peut oui ! Quand on a la possibilité on voit et on discute avec les distributeurs, producteurs, quelques acteurs aussi. Cela nous permet de mieux préparer notre programmation.

A chaque fois qu’on fait une rencontre, c’est un beau souvenir. On a rencontré Jean-Louis Trintignant et Cédric Klapisch par exemple, d’énormes souvenirs pour nous. On s’est régalés ! Un des plus beaux souvenirs notamment à Bourg St Maurice, c’est la rencontre avec Claude Lelouch pour un film que peu de gens connaissent qui est « 13 jours en France », un documentaire sur les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. C’était un vrai grand moment de cinéma et de sport en même temps !

Ces rencontres amplifient le plaisir du métier. C’est un aboutissement du travail produit, c’est même une récompense, une cerise sur le gâteau ! Voir les acteurs ou toute personnalité qui a tourné sur un film, venir le présenter dans nos salles c’est vraiment un moment de bonheur parce que ça veut dire qu’ils viennent défendre leurs œuvres même dans les petites salles. Ça c’est important et on se sent privilégié. Un vrai grand moment qu’on a eu dernièrement c’est les avant-premières de “Slalom”. La réalisatrice habite Val d’Isère donc c’était important et on s’est retrouvé avec quasiment toute l’équipe du film dans la salle, et ça fait du bien.

Est-ce que tu as un film qui t’a le plus marqué dans ta carrière ?

C’est compliqué de faire une sélection parce que je suis bon public ! J’ai des films comme “Les ptits mouchoirs” qui m’ont carrément marqué parce que j’ai eu la chance de le voir à Paris avec toute l’équipe donc forcément ça m’avait marqué. Il y a aussi l’avant-première d’”Intouchable”, c’était phénoménal. A chaque fois qu’on voit un film avec des équipes c’est quelque chose de magique, même si le film n’a pas une grande notoriété après la sortie mais c’est un vrai pur moment autour du cinéma et aussi du ski, une de mes passions.

“Il faut bien écouter la nature et la respecter, en profiter, s’en mettre plein yeux, plein les oreilles, plein les narines.”

D’ailleurs, parlons sport, quelle est sa place pour toi ?

Le sport c’est la vie. C’est vrai que j’ai un métier chronophage. J’ai beaucoup de mal à m’organiser pour trouver du temps pour faire du sport mais c’est important. Je faisais beaucoup de sport collectif dans mon enfance, notamment du handball pendant des années. Dès que j’ai pris une vie professionnelle j’ai un peu abandonné le sport. A regret parce que maintenant c’est compliqué. Dès qu’on peut on privilégie le ski, au moins du ski alpin. On en fait beaucoup en famille. On ne peut pas tout faire mais il faut bien expliquer aux gens qu’il faut continuer de faire du sport tant qu’on peut, au même titre que de profiter de la nature. Je trouve qu’on n’est jamais assez près de la nature et de la montagne. Il faut bien l’écouter et la respecter, en profiter, s’en mettre plein les yeux, plein les oreilles, plein les narines et en profiter un maximum. Surtout d’en prendre soin.

Qu’est-ce qui te motive ?
Le festival regroupe mes trois passions: le cinéma, le sport et la montagne. Je suis motivé à l’idée de créer de la vie dans les villages et les villes.

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