Rencontre avec Ariane Cronel

A l’heure où nous observons les changements irréversibles de notre environnement, Ariane Cronel nous rappelle avec sagesse : « Ne rendons pas nos enfants nostalgiques de ce qu’ils n’auront pas. » Il est contreproductif de se lamenter sur la réduction de l’enneigement, la disparition des glaciers, et le « c’était mieux avant » (même si c’est vrai), car cela bride les initiatives, rend amer et pessimiste. Nos enfants grandiront dans un monde différent de celui dans lequel j’ai grandi, qui n’était déjà pas le même que celui de mes parents. Ma responsabilité c’est de leur donner les outils intellectuels, émotionnels, pour appréhender ce monde et croire en leur capacité d’y réaliser quelque chose de positif. On ne reviendra pas en arrière, ce qui est détruit l’est pour des siècles, voire pour toujours. Alors ne contribuons pas à l’éco-anxiété paralysante et culpabilisante, encourageons plutôt les générations qui nous suivent à être pleinement acteurs d’un monde différent.

Avant de s’installer en Bretagne, cette amoureuse de la montagne a connu un riche parcours. « Je n’ai pas grandi en France mais à Pékin, avant de vivre dans les pays d’Europe de l’Est. J’étais en Hongrie lors de la chute du mur », explique cette haut-fonctionnaire. « Ça m’a donné une conscience claire qu’on n’était pas dans un environnement stable et immuable, mais que les choses pouvaient changer vite et que ça ne se passe pas forcément bien si ce n’est pas préparé. »

La possibilité de préparer l’avenir

Une analyse qu’elle transpose désormais aux problématiques climatiques.
« Chaque transformation fait des gagnants et des perdants et ce sera aussi le cas de la transition écologique. La chance qu’on a, c’est la possibilité de s’y préparer. Il faut accepter l’idée que le modèle dans lequel on vit et qui a apporté beaucoup de confort à la plupart d’entre nous, va dans le mur. On le sait, mais on a du mal à l’accepter.» Pour anticiper ces bouleversements, elle travaille sur ces sujets dans différents ministères, avant de choisir la voie… de la voix, en créant le podcast Enquête d’Avenir. Entre « les collap-sologues », qui nous disent que tout va s’effondrer et « les techno-gourous », qui croient tout résoudre par le progrès, elle cherche « une troisième voie ».

Son podcast, une aventure sonore, donne la parole à de nombreux experts tout en enveloppant leurs paroles dans une ambiance particulière. Selon elle, cela permet de susciter l’émotion chez l’auditeur, allant au-delà de la simple rationalité. « Lors de la Causerie, je vais aborder le rôle des nouveaux médias dans la transition écologique, en utilisant le podcast comme exemple. Avec le son, on peut se permettre des formats plus longs qu’avec la vidéo, car c’est quelque chose que l’on peut écouter en marchant ou en conduisant. Cela mobilise davantage l’émotion et l’imagination, car le rationnel ne suffit pas toujours. »

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